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Rencontres_de_la_Toile_Numerique
21 septembre 2005

la peinture numerique n'est elle que virtuelle?

Certes les peintres numériques existent, j'en ai rencontré. Pour autant leur existence et leur énumération suffisent ils à considérer que la peinture numérique en tant qu'espace de créativité existe bel et bien, tant par rapport au milieu artistique et professionnel que par rapport au public?
 L'art numérique est un vaste domaine de création où se cotoient trois tendances. L'art contemporain (conceptuel) qui utilise le numérique dans ses installations ou ses toiles pour, la plupart du temps, (dé)montrer l'omniprésence de cette technologie dans notre société et les risques innérents (où le spectateur fait partie de l'oeuvre). L'animation de synthése qui fait partie du secteur industriel cinématographique (où le support est l'écran). Enfin, la peinture numérique; création imprimée de production fixe 2D ou 3D (où le support est la toile ou le papier).
La peinture numérique, dont je parlerais uniquement, peut se définir simplement comme un moyen d'expression plastique qui exploite la technologie numérique tant pour générer l'oeuvre, la stocker, la diffuser et la promouvoir. La peinture numérique conjugue une production traditionnelle dans la conception, à savoir que l'oeuvre a une finalité esthétique, mais tire les avantages du numérique dans sa fabrication (tirage en quantité limité, impression sur toile, déclinaison sur différents supports). L'avantage réel de cette technique est d'utiliser un seul outil, l'ordinateur, pour pratiquer différentes techniques (pastel, fusain, acrylique, collage de matière, filtre ...). Cela étant dit, quelles sont les raisons qui retardent l'assimilation de la peinture numérique par le milieu artistique et le grand public?
 
 LA RAISON SEMANTIQUE
 
Je crois que le probléme du discrédit de la peinture numérique vient bêtement, dans un premier temps, de son intitulé composé de « peinture » qui induit traditionnellement la production d'une oeuvre physique unique et de « numérique » qui induit une production assitée par ordinateur et sous-entend, dans le terme en tous cas, une multiplicité potentielle de la création, qui pose la question de la désignation de l'oeuvre : est-ce le fichier conservé sur ordinateur où la production physique signé de l'artiste? Ensuite, le fait de maintenir dans l'appelation même la nature technique d'un mode d'expression artistique a tendance à le dévaloriser en l'enfermant précisemment dans un domaine technologique. Cela met en avant la technique, alors que ce qui importe c'est la créativité. Qu'un peintre s'exprime à l'huile, à l'acrylique ou à l'aquarelle, importe peu, ce qui compte c'est la qualité de sa créativité, de son imaginaire et ensuite de la maitrise technique dont il fait preuve. Des tentatives de nouvelles appelations ont existé. L'artiste numérique breton Hommin Lebirec a créé « Art présent », ce qui permet de désigner l'art sans mettre en évidence la technique en le dissociant, de plus, de l'art contemporain. Cette appelation était d'autant plus pertinente qu'elle était le nom d'un groupement d'artistes numériques. Pierre Leprêtre (conseil en technique de l'information), quant à lui, avait créé « toile numérique » pour l'intitulé des expositions d'artistes numériques qu'étaient les Rencontres de la Toile Numérique. Cette dénomination, elle aussi, permettait de ne pas parasiter la notion de création en désignant la production physique de l'oeuvre. Malheureusement, pour diverses raisons, ces deux appelations n'ont pas eu le rayonnement qu'elles méritaient et il ne subsiste, aujourd'hui encore, que l'appelation médiatique de « peinture numérique ».
 
 LA RAISON DE LA TECHNIQUE
 
Le peintre numérique est associé à une technique même s'il pratique par ailleurs la peinture à l'huile. Le paradoxe vient donc de cette mise en avant (volontaire ou non) de la technique utilisée et dissocie de ce fait le peintre de l'univers de la création artistique traditionnelle. Alors que l'ordinateur n'est qu'un outil de création supplémentaire à la palette d'un peintre, la focalisation sur l'aspect technique qui est du, à mon sens, en partie au fait qu'il y a plus de 10 ans de cela, il était déjà de bon ton de parler à tout bout de champ de parler de nouvelle technologie et de numérique, à figé la peinture numérique dans un domaine technologique et l'a rapproché involontairement dans la perception que le public peut en avoir d'un domaine de production, notamment l'imprimerie et la vidéo et l'a éloigné d'un domaine de pure création artistique. De fait, les multiples événements de promotion de la peinture numérique auxquels j'ai pris ma part ont getthoïsé cette forme d'expression en la réduisant à sa seule technique, comme si tout d'un coup, un artiste exploitant le numérique, produisait différement une oeuvre alors que le numérique n'apporte fondamentalement rien de plus à la créativité artistique. Il permet à l'artiste, par l'émulation des techniques traditionnelles, de gérer son oeuvre autrement, tant au niveau de la production que de la promotion.
 
 LA RAISON MARCHANDE
 
Cet état de fait n'a donc pas permis de valoriser commercialement la peinture numérique. Nombres d'événements nationaux pouvant assurer la promotion des peintres numériques, ont d'ailleurs fini par disparaitre pour des raisons de rentabilité (sous-entendu, le public n'était pas au rendez-vous ou n'y voyait qu'une démonstration technologique), ce qui n'a fait qu'accentuer cette notion d'effet de mode et n'a pas inciter les réseaux de galeries à investir dans la peinture numérique d'autant qu'ils avaient connu, c'est mon point de vue, un revers spéculatif avec la « figuration libre » dont la côte à chuté aussi rapidement qu'elle a été valorisée. Ils se sont donc retourné vers des valeurs sures sans prendre le risque (on peut le comprendre) de vendre la peinture numérique. Et mécaniquement, une oeuvre numérique ne pouvant être valorisée (par la cotation potentielle de l'artiste, notamment), elle n'est pas achetée. Rajouter à cela qu'une interrogation demeure sur la durée de vie d'une toile numérique et que le réseau de galéristes est en pleine modification (c.f. les articles : « Mettre le pied dans le marché » et « L'art et l'art...gent »), et nous pouvons comprendre pourquoi les investisseurs ne se ruent pas dessus.
 
 LA RAISON ARTISTIQUE
 
Un autre élément contribue aussi à une confusion en matière de visibilité de la peinture numérique c'est le mélange des genres (retouche photo, vidéographie, infographie, peinture-palette) de création numérique et le fait que n'importe qui peut prétendre produire une oeuvre numérique, pour peu qu'il maitrise les logiciels, et l'exposer physiquement et/ou sur le net. Ce qui pose le probléme de la définion d'une oeuvre numérique et donc son authentification en tant qu'oeuvre de création et l'identification d'un peintre numérique.
 
L'incompréhension vis-à-vis de la peinture numérique est lié à l'ordinateur, lui même, qui n'est pas percu comme crédible d'un point de vue de la création à cause de ses nombreuses facilités logicielles. Est ce vraiment l'artiste qui crée ou l'ordinateur ? Par ailleurs, le résultat physique de l'oeuvre est dévalorisé par rapport à une production a l'huile, par exemple. Ce qui est somme toute cohérent, si on établi une échelle de valeurs au niveau des techniques mais cela fausse le jugement des spectateurs car ils ne percoivent pas le résultat en tant que tel mais par comparaison avec d'autres modes d'expression.
 
L'art conceptuel a transformé l'oeuvre d'art en outil socio-économique, faisant entrer l'artiste dans l'ére industrielle. Ce qui est la véritable preuve de sa contemporanité et non sa prétendue créativité. Pourquoi la peinture numérique, malgré sa technique, n'y est toujours pas parvenu?

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Commentaires
P
bonjour <br /> j'ai lu votre article et suis d'accord avec ce qu'il veut dire, je vous invite à visiter et à tout lire sur mon site qui vous donnera le resultat de 20 ans d'experience dans ce domaine.Je rajouterais une chose c'est qu'il faut de nouveau créer des categories bien distinctes<br /> car on trouve vraiment de tout sous l'appellation peinture numerique, et je suis pres à collaborer si ça peut faire avancer cette nouvelle forme d'expression, à l'heure ou tout le monde s'improvise artiste !!! et le manque de confiance du public ne vient que de là;Il faut un peu de serieux.J'ai moi-meme exploité ma propre galerie pour me vendre et pour faire de l'info à ce sujet et je peux considerer que j'ai reussi puisque je peux continuer à exercer ma passion et d'en vivre, les dicours c'est beau mais il faut vivre n'est-ce pas?<br /> alors un peu d'ordre dans tout ça pourque les gens s'y retrouvent serat le bienvenu.<br /> À votre disposition<br /> <br /> avec mes meilleurs sentiments<br /> <br /> peter mc lane<br /> <br /> ps:j'entends parler de Valencienne depuis des années!!
M
Dans cette article, je parle de la peinture numérique qui est une "niche"<br /> de création faisant partie de l'Art Numérique. L'Art numérique est un terme<br /> généraliste qui recouvre différentes techniques de production, au même<br /> titre que l'Art plastique désigne la peinture et la sculture. C'est précisemment<br /> cette multitude de "productions" qui rend, par principe, confue toute<br /> tentative de désignation et de définition et qui, à mon sens, rend problématique<br /> sa représentation. Les deux grands principes Print et Screen, même si ils<br /> appartiennent à une même orientation technique, ne partagent pas pour autant<br /> la même approche de création.
A
Le terme peinture est peut-être impropre, Art numérique convient mieux selon moi.
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