l'art et l'art... gent
[texte de Jean Poumarede, publié sur Coug-art.fr.st, le 28.01.05]
Conséquence du développement de nos sociétés de consommation et il faut
le reconnaître, de la démocratisation des rapports entre états et
citoyens, la part prépondérante du mécénat qu'il soit d'ordre privé ou
relevant de l'état s'est considérablement réduite pour laisser la place
à des relations moins hiérarchisées entre artistes et amateurs d'art
(de peinture en particulier). En simplifiant le propos, l'art s'est
rapproché du public et ceci est une évolution excellente. Nonobstant,
le malentendu entre public et artiste existe toujours et existera
toujours ce qui en soit est éminemment salutaire. Là intervient le
troisième personnage de notre... comédie de boulevard, à savoir le
marchand d'art et plus spécialement la galerie.
Son rôle est essentiel et son existence indispensable. Elle permet de
promouvoir des oeuvres dont la nouveauté technique ou (et) esthétique
peut laisser le public sceptique voire le heurter, notamment en ce qui
concerne les arts numériques comme la peinture du même nom. Donc le
rôle pédagogique de la galerie est primordiale. Qu'elle en retire une
source de revenus n'est en soi absolument pas blâmable dans notre
société (la gratuité de l'art relève d'un autre débat où le pauvre Van
Gogh aurait son mot à dire). Le problème est ailleurs car à mon avis il
y a problème risquant d'accroître la fracture entre initiés et le
public non averti. La majorité des galeries sont devenues des épiceries
qui demanderaient au paysan de payer les légumes qu'il a fait pousser
avant qu'ils ne soient vendus... peut-être. En effet quel peintre (en
particulier) n'a pas ressenti une petite palpitation agréable quand via
un courrier ou internet (soyons modernes) la Galerie LAMBDA lui propose
d'exposer quelques unes de ses oeuvres? Passée l'émotion, il apprend
qu'il doit verser quelques débours. Normal, il y a des frais et les
galeries ne vivent pas de l'air du temps. Mais tout se complique à la
lecture du montant qu'il doit payer avant même que qui que ce soit ait
vu ses oeuvres. Renseignements pris, on (?) lui dit qu'il est tombé
(... et de haut) sur « un loueur de cimaises »(sic) qui n'a rien à voir
avec les « vraies galeries »(resic). Les galeries, les« vraies », ne
demandent jamais d'argent et vivent sur les pourcentages des ventes.
Après d'autres approches d'autres galeries LAMBDA qui ont toutes pignon
sur rues dans les quartiers huppés, vous êtes devenu l'égal de DALI,
MAGRITTE et autre PICASSO. Dans un éclair de lucidité vous vous risquez
à demander naïvement si la peinture numérique (notamment...) a trouvé
un public : silence... Votre solliciteur n'a même pas regardé ce que
vous faites. De « vraies galeries » existent-elles désormais? Il s'agit
là évidemment d'expériences vécues par le rédacteur de ces lignes et
par d'autres . Faut-il brûler les galeries? Dieu m'en garde. Je suis de
nature pacifique et conciliante. Mais à l'exemple de la majorité des
éditeurs littéraires, les propriétaires de galeries pourraient
peut-être mettre un peu d'ordre dans leur profession et faire leur
métier qui est celui de découvreur de talents, et en conséquence comme
l'artiste et l'acheteur prendre... des risques eux aussi. A terme leur
profession risque de disparaître. J'en veux pour preuve le nombre
incalculable de fermetures au profit du développement d'un marché
parallèle (notamment via internet) où le pire côtoie le meilleur. Tout
ceci se fait aux dépens d'un public de béotiens et de l'artiste... Mais
lui doit savoir qu'il ne travaille pas pour gagner de l'argent mais
parce que mû par un sentiment qui le dépasse, il ne peut pas faire
autrement.