Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Rencontres_de_la_Toile_Numerique
20 janvier 2007

Ce qu'en dit l'artiste numérique Patrick CHAUDESAIGUES

PAT_pfas08Une peinture numérique pourrait être matérialisée sur n'importe quel support et défini par l'auteur lui même : qu'il ait cette liberté avec comme seules contraintes certaines connaissances quand aux divers résultats possibles et leurs tenues dans le temps. La toile à peinture, au delà de ses capacités à reçevoir l'impression numérique tend à créer une confusion entre la "vraie" peinture faite avec des pinceaux en "vrais" poils et sur ce plan la peinture numérique ne peut que rivaliser difficilement : elle risque alors d'être perçue plus comme un procédé de "manipulation technologique" potentiellement douteux.

A mon sens il faudrait attendre quelques temps la dissipation de cette confusion pour utiliser ce support qui n'est qu'un support. Mais chaque auteur est libre, heureusement. Des labels de matérialisations se mettent en placent sous l'égide des fabricants de matériels concernant les oeuvres numériques principalement sur papier d'après ce que j'en ai retenu (garantie anti uv, tenue dans le temps exceptionnel, 100 ans et plus ! cachet du fabricant, cachet du professionnel, celle de l'auteur, de sa voisine et du boulanger du coin).

La définition pourrait être de 300 dpi certes mais tout aussi bien 72 ou 600 ou 4 pour peu que l'auteur, la aussi le juge opportun. Je partage ausi l'idée du 100% fait main mais j'avoue que c'est un peu restrictif et souligne éxagérement une notion d'artisanat laborieuse et honnète : un ciel entièrement fait main, une pomme à main levée, etc. Mais la frontière est mince encore une fois dans l'esprit commun entre artifice et maitrise (l'on pourrait se risquer à tenter une comparaison avec le pantographe tridimenssionnel que certains considèrent comme une supercherie : de nombreux sculpteurs semblent d'ailleurs avoir caché son utilisation plus que courante). "Hou ! il triche il décalque son dessin, hou ! il fait un glisser/déposer d'une de ces photos de ciel..."

Pfffff ! C'est par le procédé de matérialisation de l'oeuvre numérique potentiellement en de multiples exemplaires tous parfaitement identiques que se pose le problème de l'oeuvre originale "clone" telle que comparée à une "vraie" peinture. Même avec la destruction du fichier après matérialisation comme "garantie" de ressemblance éthique parfaite avec l'autre peinture, l'inquiétude restera tenace quand au "complexe" de l'original.

Tout le monde restant persuadé qu'une copie reste précieusement au coffre. De plus, il est peut être dommage de détruire le fichier après tout puisqu'il peut présenter des avantages que l'autre peinture n'aura jamais (au cas ou ma "Jonconde numérique" serait détruite dans un incendie par exemple ce serait bien bête de ne pas avoir la possibilité de la faire "résucitée" puisque le procédé le permet.

C'est peut être pour celà que la peinture numérique n'est pas comparable à la peinture matière : Non pour ce qu'elle ne permet pas, par exemple toucher un vrai empattement, mais pour ce qu'elle permet, à savoir une conservation potentiellement indéfinie. C'est pour celà que je rejoins François Colin sur sa définition technique de l'oeuvre numérique qui s'apparenterait à la gravure.

J'aurais un penchant pour la "lithographie numérique" et les "pierres/fichiers lithographiques" mais au final, c'est du pareil au même. Dans cette définition qui ne permet aucune confusion concernant le complexe de l'oeuvre originale (je parle aussi de l'acquéreur potentiel) se trouverait certainement de quoi rassurer tout le monde pendant quelques temps ! Pour ce qui est des formats ils pourraient être aussi le choix de l'auteur même si en la circonstance c'est lui le plus souvent qui devra se plier aux exigences des procédés et matériels utilisés par le professionnel.

Enfin, il semblerait apparaitre qu'avant même sa définition collectivement établie et partagée nous pourrions presque dresser une certaine étiologie de la peinture numérique. Par exemple je pourrais me considérer comme un peintre numérique traditionnel, un pépé du numérique déjà ! Très proche de la mentalité d'un peintre matière, du métier de peintre : les glacis, les jus, les frottis,les médiums, les empattements, le fait main, le savoir du peintre, peu de filtres, peu d'effets, peu ou pas de calques, etc.

Mais encore une fois et pour moi, la comparaison s'arrêtera ici en renonçant définitivement à l'oeuvre unique substitutive... C'est presque un deuil à bien des égards mais après avoir été jusqu'à envisager que l'oeuvre était en fait le fichier et l'écran au plasma la galerie j'ai considéré que ce n'était pas sérieusement de mon époque. Demain peut être... Certainement pour nos mômes ou alors tout autre chose.

Patrick CHAUDESAIGUES

Publicité
Commentaires
Publicité