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Rencontres_de_la_Toile_Numerique
9 octobre 2006

Interview du Peintre Numérique Gérard Wibin

Interview_RTN

François COLIN : Comment définiriez vous la peinture numérique?

Gérard WIBIN : La réalisation de composition 2D à l'aide des instruments de traitements d'image comme Photoshop et autres Painter, non compris les moyens 3D. En fait, la souris comme manche et l'outil de traitement comme brosse ou couteau ou autre moyen d'application de matière visuelle. Totalement comparable à la peinture physique à l'huile ou à l'eau.

Quant à la matière, elle se puise dans l'abstraction de gammes chomatiques existantes ou dans les gammes et textures issues d'images "liquéfiées". Physiquement, la peinture numérique est d'abord un "amas" numérique sous forme d'un fichier numérique. Par la suite, ce fichier peut engendrer des reproductions matérielles sur divers supports, en diverses dimensions et quantités.

FC : Qu'est ce que vous apporte cette technique par rapport à un autre médium?

GW : Un apport de mémorisation fabuleux et très précieux pour maîtriser la progression de l'oeuvre dans ses aspects formels et narratifs. Une immédiateté et une grande richesse d'effets. Les économistes diraient que le geste du peintre numérique est "proactif", càd que d'abord il est un résultat d'intention humaine, mais que simultnément il propose des limites plus riches à cette intention.

Evidemment, la facilité d'archivage et de transmission est un atout précieux.

FC : Comment et à quel moment, avez vous découvert la peinture numérique?

GW : Au fur et à mesure de l'expérience. Il y a sans doute là aussi 2 Ecoles : les autodidactes et les diplômés

FC : Quelles sont vos sources d'inspiration et comment définiriez vous votre travail?

GW : L'univers onirique se prète bien aux investigations de la peinture numérique, même s'il ne s'agit que de déformer une photo dans quelques parties. L'évocation des grands espaces, les dégradés infinis, les formes excessives, les paysages métalliques , mais aussi les brossés romantiques constituent pour moi une sorte de planète de poésie. Donc la peinture numérique m'attire parce qu'elle me projette ailleurs.

Je me permettrais d'ajouter à ma réflexion le contenu de l'URL suivante qui concerne la composition musicale informatique http://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_musicale

Ces textes introduisent entr'autre la notion de composition dans l'acte de peindre numériquement. Et la congruence entre ce qui concerne l'oeuvre graphique et l'oeuvre musicale, tant au niveau du faire que du percevoir, aide à comprendre comment notre époque a déconstruit les fondements et les expressions de la culture afin de pouvoir agir isolément, donc précisément, sur chaque paramètre en vue d'un résultat et selon un objectif. Certains rêvent par ailleurs de cette précision qui permet d'éviter les "dégâts collatéraux" (!) tant les militaires que les chirurgiens. Bref, l'intention est devenue manipulable dans sa structure, sa matière et ses paramètres temporels. Mais je pense que les artistes géniaux n'ont pas besoin de manipuler consciemment ce déconstructivisme systématique car il le pratique simultanément dans leur univers spirituel et dans leur espace-temps physique.

FC : Exposez vous fréquemment et quelles sont les réactions générales du public?

GW : J'expose peu et les réactions acceptent le rêve et la poésie tant que la matière narrative est accessible. Au-delà de cela, une sorte de similitude avec les grands "gestes-matières" de la tendance actuelle en peinture traditionnelle est nécessaire pour intéresser, mais très vite, le fait qu'il y ait reproduction annihile cette attractivité. Le label d'authenticité de l'oeuvre numérique reste à élaborer sur le plan patrimonique.

FC : Réalisez vous des travaux de commande et si oui de quelle nature?

GW : Peu et ils se situe dans des évocation de contenus utiles à des messages , en communication.

FC : Quel est votre rythme de travail et pouvez vous expliquer votre méthode de travail à l'aide d'une oeuvre récente?

Act3ok_700_1GW : Rythme non cadencé ! Quant à la méthode, elle est surtout basée sur l'observation, la déconstruction des éléments couleurs, textures, etc qui semblent utilisables et qui semblent être porteurs du sujet de l'inspiration (càd de l'envie de peindre quoi). Après cela, le geste entre en action, en permanence observé par l'esprit.

L'oeuvre en annexe est facile. Mon chat Milky photographié m'inspire des gestes de chats, doux et griffants. J'entre en dialogue avec lui en lui baladant sur la face des gestes qui, au passage sur photo, avec Photoschop, entraîne la matière chrtromatique et texturale. C'est tout pour conserver intact la présence du peintre et celle du chat. Au-delà, le rôle du spectateur commence...

FC : Avez une exposition en cours ou à venir?

GW : Non

FC : Quelles sont vos artistes de référence?

GW : Pour mes héros ? difficile car je n'ai rien d'un historien. Comme ceux qui n'ont pas de mémoire, je réinvente sans cesse. Je n'ai jamais pu mémoriser la démo d'un théorème de géométrie par coeur. Mais j'essayais de la réinventer si la question était bien posée...!

Je cherche ... Je dirais les Fauves et les gros coups de pâtes, mais Hartung m'attire par ses jeux de lignes. Les couleurs qui racontent et qui te laissent aussi devant tes rêves à raconter à la toile. C'est cela : des histoires à vivre.

FC : Quels conseils souhaiteriez vous apporter à une personne qui démarre dans la peinture numérique ?

GW : D'en faire beaucoup et de ne pas croire que la connaissance technique apprend à créer. Pour créer, la richesse culturelle est essentielle. 

FC :  Pensez vous que la peinture numérique est suffisamment connue en tant que discipline artistique et si non, pourquoi selon vous?

GW : le numérique est une matière nouvelle dans tous les secteurs de l'économie industrielle et culturelle. Matière nouvelle, renouveau, authenticité, pureté, espoir, etc. Càd :l'option artistique est considérée comme le versant qualitatif, tandis que l'option pédagogique est considérée comme le versant quantitatif.

Autrement dit, il y a des choses à faire (à exécuter) pour jouer un rôle socio-culturel et donc économique, par des manifestations d'initiatives et de contemporanéité (le numérique); et,  il y a ces choses à faire artistiquement, càd avec le souci de plaire, de déplaire, de complaire ou d'exprimer.

Une expo, et ses corollaires, comme support de promotion du Numérique en tant que technique de production. Ok !
Production de tous secteurs de vie, exprimée artistiquement. Le partenariat privé sera évidemment favorable si l'art manifeste, voire engendre des capacités de vie.


Je pense plutôt en termes de stratégie. Càd que  ma réflexion se base sur notre adhésion à une finalité explicitée, et que, à partir d'une programmation d'objectifs et de moyens, nous nous attribuons des moments et des natures de prestations,fonctionnelles, techniques ou culturelles.

Il me semble que, actuellement, nos congénères sont tellement riches et saturés d'impulsions et de certitudes (artificielles), que nous devons nous démarquer professionnellement et structurer toutes nos actions. A commencer par notre mutuelle argumentation avant de la communiquer à nos partenaires et à notre public.

FC : Pour quel autre usage utilisez vous régulièrement votre ordinateur?

GW : Comme bureau d'études en design industriel, le PC est utilisé avec les autres logiciels habituels.

Découvrez le peintre numérique Gérard WIBIN sur le web

http://www.wibin.be

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