Interview du Peintre Numérique Gérard Wibin
François COLIN : Comment définiriez vous la peinture numérique?
Gérard WIBIN : La
réalisation de composition 2D à l'aide des instruments
de traitements d'image comme Photoshop et autres Painter, non compris
les moyens 3D. En
fait, la souris comme manche et l'outil de traitement comme brosse ou
couteau ou autre moyen d'application de matière visuelle.
Totalement comparable à la peinture physique à l'huile
ou à l'eau.
Quant
à la matière, elle se puise dans l'abstraction de
gammes chomatiques existantes ou dans les gammes et textures issues
d'images "liquéfiées". Physiquement,
la peinture numérique est d'abord un "amas"
numérique sous forme d'un fichier numérique. Par la
suite, ce fichier peut engendrer des reproductions matérielles
sur divers supports, en diverses dimensions et quantités.
FC : Qu'est ce que vous apporte cette
technique par rapport à un autre médium?
GW : Un
apport de mémorisation fabuleux et très précieux
pour maîtriser la progression de l'oeuvre dans ses aspects
formels et narratifs. Une
immédiateté et une grande richesse d'effets. Les
économistes diraient que le geste du peintre numérique
est "proactif", càd que d'abord il est un résultat
d'intention humaine, mais que simultnément il propose des
limites plus riches à cette intention.
Evidemment,
la facilité d'archivage et de transmission est un atout
précieux.
FC : Comment et à quel moment,
avez vous découvert la peinture numérique?
GW : Au
fur et à mesure de l'expérience. Il y a sans doute là
aussi 2 Ecoles : les autodidactes et les diplômés
FC : Quelles sont vos sources d'inspiration et comment définiriez vous votre travail?
GW : L'univers
onirique se prète bien aux investigations de la peinture
numérique, même s'il ne s'agit que de déformer
une photo dans quelques parties. L'évocation des grands
espaces, les dégradés infinis, les formes excessives,
les paysages métalliques , mais aussi les brossés
romantiques constituent pour moi une sorte de planète de
poésie. Donc la peinture numérique m'attire parce
qu'elle me projette ailleurs.
Je me permettrais d'ajouter à ma
réflexion le contenu de l'URL suivante qui concerne la
composition musicale informatique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_musicale
Ces textes introduisent entr'autre la
notion de composition dans l'acte de peindre numériquement. Et
la congruence entre ce qui concerne l'oeuvre graphique et l'oeuvre
musicale, tant au niveau du faire que du percevoir, aide à
comprendre comment notre époque a déconstruit les
fondements et les expressions de la culture afin de pouvoir agir
isolément, donc précisément, sur chaque
paramètre en vue d'un résultat et selon un objectif.
Certains rêvent par ailleurs de cette précision qui
permet d'éviter les "dégâts collatéraux"
(!) tant les militaires que les chirurgiens. Bref, l'intention est
devenue manipulable dans sa structure, sa matière et ses
paramètres temporels. Mais je pense que les artistes géniaux
n'ont pas besoin de manipuler consciemment ce déconstructivisme
systématique car il le pratique simultanément dans leur
univers spirituel et dans leur espace-temps physique.
FC : Exposez vous fréquemment et quelles sont les réactions générales du public?
GW : J'expose peu et les réactions acceptent le rêve et la poésie tant que la matière narrative est accessible. Au-delà de cela, une sorte de similitude avec les grands "gestes-matières" de la tendance actuelle en peinture traditionnelle est nécessaire pour intéresser, mais très vite, le fait qu'il y ait reproduction annihile cette attractivité. Le label d'authenticité de l'oeuvre numérique reste à élaborer sur le plan patrimonique.
FC : Réalisez vous des travaux de commande et si oui de quelle nature?
GW : Peu et ils se situe dans des évocation de contenus utiles à des messages , en communication.
FC : Quel est votre rythme de travail et pouvez vous expliquer votre méthode de travail à l'aide d'une oeuvre récente?
GW : Rythme non cadencé ! Quant à la méthode, elle est surtout basée sur l'observation, la déconstruction des éléments couleurs, textures, etc qui semblent utilisables et qui semblent être porteurs du sujet de l'inspiration (càd de l'envie de peindre quoi). Après cela, le geste entre en action, en permanence observé par l'esprit.
L'oeuvre
en annexe est facile. Mon chat Milky photographié m'inspire
des gestes de chats, doux et griffants. J'entre en dialogue avec lui
en lui baladant sur la face des gestes qui, au passage sur photo,
avec Photoschop, entraîne la matière chrtromatique et
texturale. C'est tout pour conserver intact la présence du
peintre et celle du chat. Au-delà, le rôle du spectateur
commence...
FC : Avez une exposition en cours ou à
venir?
GW : Non
FC : Quelles sont vos artistes de
référence?
GW : Pour mes héros ? difficile car
je n'ai rien d'un historien. Comme ceux qui n'ont pas de mémoire,
je réinvente sans cesse. Je n'ai jamais pu mémoriser la
démo d'un théorème de géométrie
par coeur. Mais j'essayais de la réinventer si la question
était bien posée...!
Je cherche ... Je dirais les Fauves et
les gros coups de pâtes, mais Hartung m'attire par ses jeux de
lignes. Les couleurs qui racontent et qui te laissent aussi devant
tes rêves à raconter à la toile. C'est cela : des histoires à
vivre.
FC : Quels conseils souhaiteriez vous apporter à une personne qui démarre dans la peinture numérique ?
GW : D'en
faire beaucoup et de ne pas croire que la connaissance technique
apprend à créer. Pour créer, la richesse
culturelle est essentielle.
FC : Pensez vous que la peinture
numérique est suffisamment connue en tant que discipline
artistique et si non, pourquoi selon vous?
GW : le numérique est une matière nouvelle dans tous les secteurs de l'économie industrielle et culturelle. Matière nouvelle, renouveau, authenticité, pureté, espoir, etc. Càd :l'option artistique est considérée comme le versant qualitatif, tandis que l'option pédagogique est considérée comme le versant quantitatif.
Autrement dit, il y a des choses à
faire (à exécuter) pour jouer un rôle
socio-culturel et donc économique, par des manifestations d'initiatives et
de contemporanéité (le numérique); et, il y a
ces choses à faire artistiquement, càd avec le souci de plaire, de
déplaire, de complaire ou d'exprimer.
Une expo, et ses corollaires, comme
support de promotion du Numérique en tant que technique de
production. Ok !
Production de tous secteurs de vie,
exprimée artistiquement. Le partenariat privé sera
évidemment favorable si l'art manifeste, voire engendre des
capacités de vie.
Je pense plutôt en termes de
stratégie. Càd que ma réflexion se base sur
notre adhésion à une finalité explicitée, et que, à partir d'une
programmation d'objectifs et de moyens, nous nous attribuons des
moments et des natures de prestations,fonctionnelles, techniques ou
culturelles.
Il me semble que, actuellement, nos
congénères sont tellement riches et saturés
d'impulsions et de certitudes (artificielles), que nous devons nous démarquer
professionnellement et structurer toutes nos actions. A commencer par
notre mutuelle argumentation avant de la communiquer à nos
partenaires et à notre public.
FC : Pour quel autre usage utilisez vous régulièrement votre ordinateur?
GW : Comme bureau d'études en design industriel, le PC est utilisé avec les autres logiciels habituels.
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